Soutenir la main-d'œuvre face au « blues » de l’hiver et à la dépression saisonnière
Avertissement : Cet article traite de la dépression et de la dépression saisonnière.
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Alors que les jours raccourcissent et que la durée du temps passé à l’intérieur en automne et en hiver augmente, la population canadienne se retrouve face à un risque accru de « blues » de l’hiver ou, voire de dépression saisonnière dans certains cas.
Les personnes en situation de handicap et la communauté immigrante peuvent être particulièrement sensibles à ce phénomène, lorsque le manque de luminosité et l’isolement plus fréquent de cette saison viennent s’ajouter aux autres facteurs de stress existants. Les milieux de travail peuvent adopter des stratégies pour soutenir leur main-d’œuvre au cours de la période difficile de l’automne et de l’hiver.

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« Blues » de l’hiver et dépression saisonnière
Quand arrivent les mois plus sombres et plus froids de l’automne et de l’hiver, certaines personnes peuvent éprouver de plus grandes difficultés à se lever le matin. Elles peuvent afficher des niveaux d’énergie moindre pour réaliser leurs tâches à la maison ou au travail. Un sentiment de solitude peut s’emparer d’elles, car elles sortent moins souvent pour réaliser des courses ou participer à des activités. Ces symptômes peuvent indiquer un « blues » de l’hiver et un grand pourcentage de la population canadienne les connaît.
Dans certains cas, ces difficultés saisonnières peuvent être plus marquées et déboucher sur une dépression saisonnière. Comme son nom l’indique, la dépression saisonnière suit le rythme des saisons. Elle est plus fréquente en automne et en hiver et les symptômes s’améliorent au retour du printemps.
Voici quelques symptômes de dépression :
- Sentiment de tristesse et perte d’intérêt dans les activités normales
- Perte d’énergie et fatigue accrue, malgré le sommeil
- Irritabilité, vide, désespoir, sentiment d’inutilité ou de culpabilité
- Difficultés pour réfléchir et se concentrer (1)
En plus des symptômes de la dépression, les personnes en dépression saisonnière peuvent manger plus que d’habitude et avoir de grandes envies de glucides.(2) Les symptômes de la dépression saisonnière ont tendance à s’atténuer avec le retour du printemps, tandis que ceux de la dépression sont présents tout au long de l’année.
Personnes les plus touchées par la dépression saisonnière
S’il est vrai que tout le monde peut connaître la dépression saisonnière, les personnes en dépression sont plus exposées. Une étude canadienne montre que près de 15 % des personnes participantes connaissaient une dépression récurrente et environ 3 % d’entre elles avaient eu une dépression saisonnière.(3)
Le taux de dépression est peut-être plus élevé chez les personnes en situation de handicap. Une étude a montré que les personnes en situation de handicap au Royaume-Uni étaient 2,8 fois plus susceptibles d’être en dépression, alors qu’en Grèce, elles étaient 2,2 plus susceptibles de connaître des symptômes dépressifs que les personnes sans incapacités.(4) Au Canada, il arrive que les personnes en situation de handicap passent moins de temps à l’extérieur en automne et en hiver, ce qui peut renforcer le sentiment d’isolement et favoriser la dépression saisonnière.
Souvent, les membres de la communauté nouvelle arrivante et immigrée affichent des taux de dépression inférieurs à leur arrivée au Canada, mais ce chiffre peut augmenter au fil du temps. Les facteurs de stress liés aux changements majeurs dans les domaines socio-économiques, culturels et personnels ainsi que l’exposition au racisme et à la discrimination peuvent contribuer à l’augmentation de la dépression.(5) Pour les personnes qui arrivent de climats plus chauds, l’automne et l’hiver canadiens peuvent être particulièrement difficiles. Des obstacles particuliers déterminent également comment les membres de la communauté nouvelle arrivante et immigré accèdent aux soins primaires pour les aider à résoudre les problèmes liés aux réalités de la santé mentale.
Milieux de travail : des stratégies pour lutter contre ces difficultés saisonnières
Les milieux de travail peuvent adopter les stratégies suivantes pour soutenir leur main-d’œuvre au cours de la période difficile de l’automne et de l’hiver.
- Rappeler les soutiens disponibles : en automne et en hiver, envoyez au personnel un courriel qui reprend les soutiens disponibles en matière de santé mentale dans le milieu de travail et dans la communauté. Attirez l’attention sur les soutiens et les services gratuits.
- Partager des informations relatives aux organisations culturelles ou de communautés immigrantes : recherchez les informations relatives aux communautés culturelles ou de communautés immigrantes pertinentes et partagez-les (tableau d’affichage, clavardage interne ou courriel). Privilégiez les organisations qui offrent les soutiens, les programmes ou les événements qui peuvent renforcer l’engagement social et un sentiment d’appartenance.
- Organiser des activités/des événements sociaux : organisez des événements/des activités au travail ou dans la communauté auxquels les membres du personnel pourront participer s’ils le souhaitent. Vous pouvez demander des suggestions aux membres du personnel. Tenez compte de l’accessibilité et des besoins des personnes qui peuvent éprouver des difficultés dans les interactions sociales.

Credit: Simon Abrams via Unsplash
- Proposer des pauses pour des exercices/la santé mentale : les pauses peuvent nous aider à conserver nos niveaux d’activité physique et à rompre littéralement la monotonie ou le quotidien des journées d’automne et d’hiver. Y a-t-il moyen d’introduire de courtes pauses, à l’intérieur ou à l’extérieur, en groupe ou individuelles, dans la journée de travail?
- Luminothérapie : De nombreuses personnes remarquent des améliorations quand elles s’assoient chaque jour pendant 20 minutes devant un caisson de luminothérapie.(1) Serait-il envisageable d’acheter un équipement de luminothérapie pour le bureau ou que les membres du personnel pourraient emprunter? Et pourquoi ne pas créer un espace au travail dans un endroit exposé à la lumière du soleil?
- Tenir des conversations régulières : prévoyez des conversations informelles avec les membres du personnel pour établir des liens et leur demander comment ça va. Les conversations régulières permettent de créer un espace sécuritaire
S’il est vrai que chacune des stratégies énoncées ci-dessus peut avoir un impact, leur simple suggestion peut aider les gens en leur faisant comprendre qu’ils sont soutenus.
Ressources complémentaires
- Site Web de l’Agence de la santé publique du Canada – Obtenez de l’aide ici :soutien en santé mentale
- Site Web du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) – Le trouble affectif saisonnier
- Site Web du Job Accommodation Network (en anglais seulement) – Trouble affectif saisonnier (TAS) (idées de mesures d’adaptation)
- Site Web du Média des nouveaux Canadiens (article disponible en anglais seulement) – Pour de nombreuses personnes dans la communauté nouvelle arrivante, les hivers canadiens représentent une charge supplémentaire pour la santé mentale
Références
1. American Psychiatric Association. Depression. [Dépression] Consulté le 7 janvier 2025.
2. American Psychiatric Association. Seasonal Affective Disorder (SAD). [Trouble affectif saisonnier (TAS)] Mars 2024. Consulté le 6 janvier 2025.
3. Levitt, A.J., Boyle, M.H., Joffe, R.T., & Baumal, Z. Estimated prevalence of the seasonal subtype of major depression in a Canadian community sample. [Estimation de la prévalence du sous-type saisonnier de dépression majeur dans un échantillon de communauté canadienne] Canadian Journal of Psychiatry. 2000; 45(7), 650-654.
4. Rotarou, Elena S. and Sakellariou, D. Depressive symptoms in people with disabilities; secondary analysis of cross-sectional data from the United Kingdom and Greece. [Symptômes de dépression chez les personnes en situation de handicap ; analyse secondaire de données transversales du Royaume-Uni et du Canada] Disability and Health Journal. Volume 11, numéro 3, 2018 ; pages 367-373. ISSN 1936-6574.
5. Kirmayer LJ, et coll. Common mental health problems in immigrants and refugees: general approach in primary care. [Problèmes fréquents de santé mentale chez les immigrants et les réfugiés : une approche générale dans les sons primaires] CMAJ. 6 septembre 2011 ;183(12):E959-67.