Pour une meilleure inclusion en milieu de travail de la main-d'œuvre autochtone
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En raison de l’oppression historique et de la discrimination systémique actuelle, les peuples autochtones au Canada affichent des taux de troubles de stress post-traumatique (TSPT), de dépression et d’anxiété supérieurs à ceux de la population générale.(1) Les employeurs peuvent mettre en place des milieux de travail positifs pour renforcer le sentiment d’appartenance de la main-d'œuvre autochtone et lui offrir tout le nécessaire à son épanouissement dans ses fonctions.
Les défis du milieu de travail
En raison du cadre d’emploi colonialiste du Canada, une exclusion de l’emploi, perçue ou manifeste, se manifeste pour la main-d’œuvre autochtone. Les comportements et attitudes discriminatoires ainsi que le manque de considération culturelle dans le milieu de travail exercent un impact sur la santé mentale du personnel autochtone. Ils peuvent aussi entraîner l’exclusion du milieu de travail.(2)
Dans certains cas, des images, des sons, des odeurs, des pensées ou des informations spécifiques peuvent déclencher des souvenirs ou des sentiments traumatiques pour des membres de la main-d’œuvre autochtone. Ces déclencheurs peuvent produire une réaction automatique ou un réflexe, voire générer de soudaines émotions négatives.
Novembre est le Mois de la sensibilisation aux Autochtones en situation de handicap (MSASH)
Célébré chaque année en novembre, le MSASH attire l’attention sur le taux d’incapacité considérablement plus élevé parmi les peuples autochtones et sur les nombreux obstacles que les personnes en situation de handicap autochtones et leurs familles rencontrent.
Il représente également l’occasion de célébrer les réalisations des Autochtones en situation de handicap et de reconnaître l’ampleur de leurs apports sociaux, économiques et culturels dans nos communautés.
Source (en anglais): Indigenous Disability Canada/British Columbia Aboriginal Network on Disability Society (BCANDS)
Voici des exemples de déclencheurs dans le milieu de travail :
- Travailler sur un sujet difficile
- Structures coloniales imposées par des organisations, des institutions ou des gouvernements
- Calendriers irréalistes pour répondre aux demandes
- Comportements ou attitudes discriminatoires
- Articles dans la presse inappropriés sur le plan culturel, traitant d’incidents racistes ou abordant des sujets sensibles.(3)
Pour une meilleure inclusion en milieu de travail et une amélioration de la santé mentale de la main-d'œuvre autochtone
Il existe très peu de recherches sur l’inclusion en milieu de travail et la santé mentale de la main-d’œuvre autochtone. En 2022, l’institut de recherche de l’université de Lakehead sur l’amélioration de la prévention des accidents de travail et des incapacités (EPID@Work) a organisé cinq cercles de partage regroupant des membres communautaires du conseil tribal de Nokiiwin (Thunder Bay, Ontario).
Cinq thèmes sont ressortis en vue d’améliorer l’inclusion et la santé mentale en milieu de travail pour la main-d’œuvre autochtone :
- Communiquer avec des personnes qui comprennent et respectent la culture autochtone.
- Respecter les traditions autochtones.
- Entendre des expériences et des récits positifs.
- Développer des relations de confiance tout en reconnaissant que la confiance se développe avec le temps.
- Exclusion en dehors du milieu de travail (touche également les familles et les communautés).(4)
Il existe un lien évident entre santé mentale positive et identité culturelle pour les Autochtones au Canada. La préservation de la santé mentale des Autochtones passe par l’intégration de connexions à la terre, à la communauté et à la famille (Hall et autres, 2015). L’appartenance à une communauté offre une protection contre les symptômes de l’anxiété et de la dépression pour les peuples autochtones.(5)
Conseils pratiques pour les employeurs
- Le racisme, la discrimination et le harcèlement ne doivent jamais être tolérés dans le milieu de travail. Il faut réagir immédiatement à toute manifestation de ces comportements.
Des formations à la sécurité culturelle ont beau exister, trop de membres de la main-d’œuvre autochtone finissent par quitter le milieu de travail à cause du racisme systémique (Conway et autres, 2017). Environ 10 % des femmes autochtones ont signalé un harcèlement sexuel au travail, contre 3,8 % des femmes dans la population canadienne (Hango et Moyser, 2018). Les comportements négatifs, qui ne sont jamais « juste pour rire », ont un impact sur la santé mentale de la main-d’œuvre autochtone.
- Le mentorat représente un pont pour l’entrée dans la main-d’œuvre et le développement de carrière.
Les communautés autochtones connaissent le concept du mentorat qu’elles pratiquent avec de légères différences. Pensez à intégrer le programme MentorHabiletés de l’ACSE ou d’autres démarches de mentorat. Dans la mesure du possible, privilégiez des mentores ou mentors autochtones.
- Vous pouvez engager une aînée ou un aîné en provenance d’une communauté autochtone locale. Cette personne offrira des conseils ou fournira des services dans votre milieu de travail.
L’aînée ou l’aîné peut offrir un soutien spirituel et émotionnel en adoptant une approche qui tient compte des traumatismes. Sa présence permet d’introduire la connaissance du territoire dans le milieu de travail ainsi que des pratiques culturelles, comme les cérémonies de purification, les prières d’ouverture et de fermeture, la cérémonie du calumet, les tambours et les enseignements autochtones. Il convient de signaler à l’aînée ou à l’aîné les différentes cultures autochtones présentes dans votre organisation pour permettre une gestion efficace et respectueuse des situations.(6)
- Organisez des réunions fréquentes en tête à tête avec les membres du personnel pour parler de leur carrière ou de leur souhait de mettre leurs connaissances à niveau.
Traditionnellement, la population étudiante autochtone s’est trouvée en situation de désavantage à tous les niveaux d’éducation. Quant aux employeurs, ils ont accordé la priorité à l’emploi, et non pas à la carrière. Recadrez la conversation sur le développement de carrière à l’aide d’échanges réguliers avec les membres de la main-d’œuvre autochtone. Le personnel autochtone dispose-t-il de tout le nécessaire pour remplir ses fonctions? Souhaite-t-il mettre à niveau de ses compétences? Comment voit-il son avancement professionnel? Exprimez clairement la manière dont vous et votre organisation pouvez le soutenir. Pour en savoir plus sur la manière d’aborder l’avancement professionnel, vous pouvez lire cet article publié dans le blogue de l’ACSE.
- Reconnaissez et encouragez la main-d’œuvre et le leadership autochtones.
Recherchez et suivez le leadership du personnel autochtone qualifié. Si des membres du personnel manifestent leur intérêt, soutenez-les dans le mentorat de collègues et des leaders de demain.
- Formez le leadership d’entreprise et les responsables des RH de demain à l’intégration de l’inclusion.
Étudiez les programmes de mentorat et de formation en place afin de garantir que la prochaine génération de leadership de votre organisation apprenne, dès le départ, l’importance de l’intégration de l’inclusion partout dans le milieu de travail.
Des relations basées sur le respect pour permettre à la main-d'œuvre de s’épanouir
Des relations respectueuses qui reposent sur l’écoute réciproque et le partage remplissent un rôle essentiel dans la création de sentiments d’appartenance à une communauté et à un milieu de travail. L’ACSE et ses organisations partenaires s’engagent en faveur de la création de relations respectueuses afin que la main-d’œuvre autochtone puisse s’épanouir. Les bureaux de coordination de MentorHabiletés s’associent, par exemple, aux organisations autochtones locales pour apprendre et collaborer à la mise en place d’événements, de salons de l’emploi et de formations qui répondent aux nécessités des personnes en recherche d’emploi issues des Premières Nations ainsi que des peuples métis et inuits.
Les systèmes sont créés et perpétués par des personnes. Mais ces mêmes personnes peuvent également les changer. Ensemble, nous pouvons identifier, puis démanteler les systèmes coloniaux discriminatoires toujours intégrés dans nos cadres personnels et organisationnels.
Références
1. Centre de collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA) Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), l’anxiété et la dépression chez les peuples autochtones du Canada. D’une série sur la santé mentale. 2015.
2. O’Loughlin, R.A., Kristman, V.L. et Gilbeau, A. Inclusion of Indigenous workers in workplace mental health (Inclusion de la main-d’œuvre autochtone
dans la santé mentale du milieu de travail). Equality, Diversity and Inclusion. 2022. Vol. 41 No. 3, pp. 340-351.
3. Aînée Roseann Martin. Approches en milieu de travail tenant compte des traumatismes subis et culturellement appropriées : une initiative de l’Association des femmes autochtones du Canada. Association des femmes autochtones du Canada.
4. O’Loughlin, R.A., Kristman, V.L. et Gilbeau, A. Inclusion of Indigenous workers in workplace mental health (Inclusion de la main-d’œuvre autochtone dans la santé mentale du milieu de travail). Equality, Diversity and Inclusion. 2022. Vol. 41 No. 3, pp. 340-351.
5. Burnett, Chantal et autres Spirituality, Community Belonging, and Mental Health Outcomes of Indigenous Peoples during the COVID-19 Pandemic. (Spiritualité, appartenance communautaire et résultats de santé mentale chez les peuples autochtones pendant la COVID-19) Int J Environ Res Public Health. Févr. 2022; 19(4): 2472. Consulté le 6 septembre 2024.
6. Aînée Roseann Martin. Approches en milieu de travail tenant compte des traumatismes subis et culturellement appropriées : une initiative de l’Association des femmes autochtones du Canada. Association des femmes autochtones du Canada.